LES CAFES DE LA GENERATION CITOYENNE
Ils sont dans toutes les villes de France, Paris, Marseille, Angoulême, Caen, Rennes, Toulouse, Tarbes, Lille, Lyon, Nancy, Bourges, Metz, Pau, Strasbourg, et beaucoup d’autres villes. LES CAFES CITOYENS. Ils s’appellent «Le Court-Circuit», «Le Moulin à Café», «Café Projets», «La Vie Enchantée», «La Case à Palabres», «La Commune Libre d’Aligre», «De l’autre côté du pont», ou tout simplement «Café Citoyen», etc. Certains fonctionnent en réseau, d’autres sont indépendants. Keskecé?
Naissance
Le 1er Café Citoyen serait né à Caen en 1997 (Réseau Arcadie). Objectif? Réunir des citoyens et dialoguer librement sur des problématiques de société de leur choix. La participation de tous, ou du plus grand nombre, est l’une des clés. L’esprit est au partage, la rencontre, l’échange d’informations, dans un esprit de convivialité. A cette époque, le Café Citoyen dure une soirée, ente 1h30 et 2h, dans un bar ami des responsables de l’association. A la sortie, on programme le prochain débat à main levée, puis on envoie un compte-rendu des échanges aux adhérents. Le tout est réglé par une charte, garante de la liberté d’expression. On évite les propos polémiques ou partisans, le monopole de la parole. L’animateur s’assure que le débat reste le plus vivant possible. Les thèmes abordés sont le nucléaire, la démocratie, l’Europe, l’environnement, les nouvelles technologies, la consommation, l’amour, toujours l’amour...
Les Cafés Citoyens sont la tendance, le besoin d’une époque, face aux innombrables questions que chacun est en droit de se poser sur tout et sur rien. Parce qu’on se demande parfois où va le monde. On a donc besoin d’en parler. Au départ, les Cafés Citoyens n’ont pas pour vocation le militantisme ou de changer la société. Ils ouvrent le débat, ils éclairent nos lanternes sur des sujets tièdes, chauds, brûlants. C’est un peu comme le web, mais tous ensemble, live. Chaque participant est un clic, et l’animateur clique sur l’icône de ceux qui lèvent la main.
Croissance
Depuis, le concept s’est développé, structuré. On trouve aujourd’hui un nombre croissant de Cafés Citoyens associatifs permanents, c’est-à-dire, ouverts tous les jours. Ils sont dédiés à un nouveau concept de rencontres, entre les habitants d’un quartier, des membres d’associations diverses, une clientèle en quête d’autre chose. On ne programme plus une séance hebdo ou mensuelle dans un bar ou un théâtre; il s’agit désormais d’une petite entreprise avec des salariés, proposant une activité presque tous les soirs de la semaine. Ce qui demande un plus grand engagement et nécessite de pérenniser un projet solide, des responsabilités accrues – un local, des emplois, des approvisionnements. Le tout dans un esprit innovant. «Les adhérents qui fréquentent le Moulin à Café en prennent de plus en plus possession», raconte Annie, «les projets viennent des gens qui fréquentent le café, en fonction de leurs goûts, leurs compétences.» Environ 500 personnes passent par ce bar culturel du 14ème arrondissement, situé de l’autre côté du cimetière Montparnasse. L’un de ses buts est de renforcer le tissu social: «Nous sommes tous très liés, nous formons un tout, salariés et bénévoles.» C’est l’une des particularités des Cafés Citoyens: les bénévoles (de 20 à 50 personnes) les font vivre autant que les salariés (de 3 à 6 personnes). Ils sont passionnés par leur projet, autour de la vie de leur quartier. «Les gens qui travaillent ici ont souvent un parcours atypique», confie Sarah, gérante depuis deux ans du Café Citoyen de Lille. C’est évidemment son cas, elle qui possède un master en droit international et a passé une petite année sabbatique au Burkina Faso, où elle a étudié les coopératives de femmes.
Un certain idéal
D’une certaine façon, les porteurs de ces initiatives rêvent d’une société où l’argent n’est pas au coeur des échanges. Mais ils font ça calmement. Souvent branchés bio et commerce équitable, ils possèdent un coin boutique. C’est le cas du Petit Ney, à Paris, situé près de la porte de Clignancourt. Né d’une lettre destinée aux habitants du quartier, Philippe défend le concept: «Il a fallu trois ans pour que le projet soit accepté par les pouvoirs publics. La ville n’a pas l’habitude que les habitants proposent un projet qu’ils gèreront eux-mêmes. La cuisine est la première culture, dans tous les groupements. Nous faisons du développement local et du développement culturel. Maintenant, on est un bar équitable, on a une réflexion sur la nourriture, et on essaie de garder les mêmes tarifs.» Deux Amap approvisionnent le Petit Ney. Ainsi, les animateurs, les dirigeants, les salariés, les bénévoles, le public démontrent qu’ils n’en restent pas à de simples paroles. Si le débat fut l’idée des premiers cafés citoyen, aujourd’hui, certaines rencontres se déroulent autour d’universitaires, comme à Toulouse (IFRASS). Ailleurs, les soirées se multiplient, se diversifient, comme à l’Equitable Café de Marseille, qui compte plus de 6000 adhérents. Créé par trois copains branchés bio au début des années 2000, il a aujourd’hui pignon sur rue, Cours Julien, une longue promenade piétonne au coeur de Marseille. Géré par une association 1901 (Envisages), il emploie 4 personnes. Car certaines responsabilités requièrent la présence de professionnels: les cuisines, le bar, la gestion, la programmation, dans certains cas. En se développant, le concept a pris des modes d’expression variés, répondant aux goûts de tous les publics.Ainsi, les artistes qui s’y produisent peuvent être rémunérés au chapeau. De vingt à 150 personnes (de Lille à Marseille) peuvent prendre place dans la salle principale, pour assister aux activités (la capacité moyenne est d’une cinquantaine de personnes).
Le fonctionnement
Evidemment, ces petites entreprises ne peuvent exister sans budget, même si les résultats économiques ne sont pas la priorité. L’équilibre est indispensable. Elles sont souvent soutenues financièrement par des partenaires, publics dans la plupart des cas, parfois privées - qui le conseil général, qui la banque, qui la mairie, qui les cigales, etc. Chacun y va de son relationnel. Car le relationnel est toujours au coeur du Café Citoyen. Exception, Lille est autofinancé par son fond de commerce, peut-être parce qu’il est idéalement situé dans une rue piétonne, au coeur de la vieille ville. C’est assez rare. Beaucoup possèdent aussi une charte à l’image de Lille, Marseille, Lyon (De l’Autre Côté du Pont), qui définit clairement l’état d’esprit et les objectifs: respect de la personne humaine, de la planète, des droits de l’homme et de la femme, participation civile à la vie de la cité, du quartier, engagement en faveur de l’agriculture bio et du commerce équitable, des producteurs locaux... Tandis que les statuts sont associatifs ou ceux d’une Scop (société coopérative de production).
Certains proposent des outils qu’ils mettent à la disposition des candidats à la création d’un Café Citoyen dans leur cité, des modes d’accompagnement allant du petit guide aux conseils juridiques. N’importe qui ou presque, peut donc tenter l’aventure en connaissance de cause. C’est possible. Les formules sont nombreuses. A Paris, il y a ceux qui innovent comme le Cafézoïde, orienté enfants et ados,à Brest, c’est le CLAJ, aux thèmes socialement engagés. Une certitude : tous les Cafés Citoyens affichent comme priorité le tissu social, le relationnel, la bonne humeur, la convivialité. Pas l’Euro.
A découvrir près de chez vous, en tapant «café citoyen associatif» sur internet, par exemple. Ou contactez l’un d’eux, dans la liste ci-dessous.
La Nouvelle Arcadie - réseau national - www.nouvellearcadie.net
Equitable Café (Marseille) - http://equitablecafe.org/
Café Citoyen (Lille) - http://www.cafecitoyen.org/
Le Moulin à Café (Paris) - http://moulin.cafe.free.fr/
Le Petit Ney (Paris) - http://lepetitney.free.fr/
De l’Autre Côté du Pont (Lyon) - http://www.delautrecotedupont.fr/
Espace Mouneyra (Bordeaux) - http://www.espace-mouneyra.com/welcome/index.php