A priori, l’humanité ne veut pas piller la nature, la planète, elle ne veut pas à l'appauvrissement de la terre et de l'humanité, tant au plan moral que physique. Logiquement, l’humanité n’est pas favorable à un tel système socio-économique qui affame ses habitants. Et ceux qui participeraient malgré eux à un tel désastre par leur mode de vie, le feraient probablement sans le savoir.
Henry David Thoreau est le père fondateur de la désobéissance civile. L’un des principes majeurs de ce choix social libre, est la non-participation active. Thoreau, citoyen américain du 19ème siècle, refusa de payer ses impôts car l’argent collecté sur ses biens servait à renforcer l’esclavagisme et préparer la guerre contre le Mexique. Thoreau était anti-esclavagiste et il était contre la guerre. Il désobéit.
La désobéissance civile est un positionnement fort, une action positive et non agressive. Il ne s’agit pas d’un conflit frontal, d’une opposition prête à utiliser la violence si nécessaire. Le comportement le plus connu qui illustre la désobéissance civile est le boycott. La désobéissance civile, selon la pensée de son père fondateur, est associée à la religion, ou la spiritualité ; mais elle est aussi et surtout associée à la non-violence. La plupart des actions d’opposition frontale se terminent par de la violence, fondée sur la volonté d’affirmer ses droits. Tandis que la désobéissance civile rejoint le devoir individuel, un devoir fondé sur le bon sens commun : on ne pille pas la nature, on l’entretient ; on ne construit pas sa réussite sur l’appauvrissement d’autrui, on le soutient. Que la richesse soit morale ou matérielle, sa raison d’être est le partage ; il ne s’agit pas d’affamer mais de nourrir, il ne s’agit pas d’agresser mais de favoriser l’harmonie, etc.
En ce sens, la désobéissance civile est un levier majeur de « Décroissance » ! De ce fait, elle est aussi une action concrète pour réduire le bouleversement climatique qui se profile à l’horizon des jeunes générations, pour réduire la pollution sans précédent qui affecte déjà massivement l’eau, la terre et l’air.
Par exemple, si demain, nous sommes des millions à réduire notre consommation de viande, ou à devenir végétariens – ou tout autre produit dont la fabrication est une injure à la Vie au sens large, humaine, animale, végétale ou minérale – nous freinerons concrètement la déforestation. Comment ? Quiconque a étudié le sujet de la déforestation, quiconque respecte la vie animale, quiconque a le sens de l’économie (pas de l’austérité)[1], connaît les chiffres de demande en eau et en surface afin de produire quelques kilos de viande – les forêts sont remplacées par des pâturages et des champs de céréales pour nourrir le bétail ; sans oublier la dévastation causée par les pesticides pour produire ces tonnes de céréales. Ces mêmes céréales pourraient nourrir des populations entières, limitant ainsi la déforestation (c’est le cas de la forêt amazonienne) et surtout, réduisant significativement les émissions de gaz à effet de serre et autres formes de pollution.
Plus que jamais, la solution au dilemme environnemental est entre les mains de la société civile. L’idée fait son chemin depuis la COP15 de Copenhague (2009). Achim Steiner, Secrétaire Général du Programme des Nations Unies pour l’Environnement l’a répété avec insistance lors d’une conférence, peu de temps après Copenhague. La société civile englobe tous les peuples de la terre ; mais dans le cas présent, elle concerne avant tout ceux dont le mode de vie est une cause de pollution dévastatrice et de dérèglement climatique. Ces peuples ont la solution entre leurs mains : ils doivent décider de changer leur mode de vie afin de réduire massivement le pillage insensé dont ils sont coresponsables, souvent sans le savoir. Ces peuples peuvent faire la différence, ils peuvent pousser leurs dirigeants – qu’ils soient financiers ou politiques – à donner une autre orientation à la société, fondée sur le bon sens commun et la solidarité. Parce que le monde ne s’est pas fait en un jour, la désobéissance civile et la décroissance sont une solution non-violente et efficace, qui donne à chacun le temps de s’adapter et d’avancer avec bon sens et détermination.
Pour reprendre un article précédent intitulé « Cosmogonie », dans lequel je dissertait sur la rupture systématique des cycles de vie engendré par le modernité industrielle débridée, la désobéissance civile et la décroissance sous-entendent tourner le dos à la consommation de tous ces produits qui sont le fruit de cycles de vie brisés[2].
L'opposition frontale et la violence ne seront jamais des moyens de faire plier les lobbies et les gouvernants : la force aveugle est l’arme des tyrans, elle est antidémocratique. Si les peuples utilisent la violence pour s’opposer aux lobbies et aux gouvernants, ils feront leur jeu, ils renforceront leur pouvoir, et il ne se passera rien. Là est le paradoxe des négociations sur l'environnement et le climat coordonné par les institutions internationales : depuis la 1ère conférence sur l’environnement à Stockholm en 1972, la situation régresse, elle empire d’année en année. Nous assistons impuissants au pillage de la nature et de la planète, à l'appauvrissement de la terre et de l'humanité, tant au plan moral que physique, tant en termes de droit que de devoir. Ni les négociations ni la violence ne peuvent résoudre le dilemme. Car les gouvernants et les institutions internationales ne prendront jamais de décisions auxquelles l’humanité s’opposerait massivement. C’est à la société civile de faire le premier pas, un pas non-violent. Personne ne s’opposera au pouvoir de la non-violence.
Pensons décroissance ! Désolidarisons-nous de ces modes de vie qui pillent la nature et détruisent toutes les formes de Vie sur terre ! La désobéissance civile est une démarche personnelle, une réflexion individuelle, un acte de bienveillance en faveur de la Vie au sens le plus large, par delà nos croyances personnelles.
Qui est prêt à entendre ce message ?
[1] Diaporama : http://www.ecoshantifrance.fr/mode-de-vie/vegetarisme/
[2] http://alternaute.fr/articles/view/19/cosmogonie-une-dimension-spirituelle-et-environnementale-de-la-vie